AHMAD, TUÉ PAR UN TIR DE SNIPER À DAMAS
Ahmad était accompagné par l’IECD dans son projet de créer des fauteuils roulants autonomes pour les blessés de la guerre.
Do not judge a biography by its length
Nor by the number of pages in it
Judge it by the richness of its contents
Sometimes those unfinished are among the most poignant
Do not judge a song by its duration
Nor by the number of its notes
Judge it by the way it touches and lifts the soul
Sometimes those unfinished are among the most beautiful
And when something has enriched your life
And when it’s melody lingers on in your heart
Is it unfinished? Or is it endless?
Anonyms
Ahmad Talal Fares (1995 – 2018)
Ahmad est né et a grandi à Homs. Il est le plus jeune d’une famille de 4 enfants. Ahmad n’avait jamais imaginé devenir ingénieur et pourtant, il était étudiant en quatrième année de Mechanical Design Engineering quand il a décidé de participer au programme BRIDGES de formation à l’entrepreneuriat et à la recherche de financements. La famille d’Ahmad s’est installée à Damas au début de la crise syrienne. C’est à ce moment que la personnalité d’Ahmad s’est affirmée et que son esprit inventif s’est révélé. De timide et introverti qu’il était, il est devenu une personne curieuse, enthousiaste et dynamique. Il a commencé à écrire des poésies, ce qu’il n’avait jamais fait auparavant. Il a ouvert ses horizons à partir du moment où il est devenu plus sociable et il a rencontré des personnes aux parcours et cultures très divers. Il a travaillé comme représentant commercial pendant un temps et il excellait ! Ahmad a commencé à réfléchir comment il pouvait aider les syriens dans cette passe terrible, comment il pouvait contribuer à servir ses semblables. Avec deux de ses amis, Ahmad a décidé de créer un prototype avancé de fauteuil roulant qui pourrait monter et descendre les escaliers sans assistance, et que les usagers pourraient manoeuvrer de façon autonome.
Puis Ahmad reçut les fonds du programme BRIDGES. Son équipe a commencé à travailler sur le prototype qui devait être prêt pour octobre 2017. Ahmad a expliqué que le fait de présenter son projet devant la commission d’attribution des fonds a été une expérience exceptionnelle dans sa vie. C’était la première fois qu’il effectuait ce genre de présentation.
« Je n’aurais jamais inventé quelque chose d’aussi fou et d’aussi utile s’il n’y avait pas eu autant de besoins dans notre société. Beaucoup trop de personnes deviennent handicapées dans cette guerre et ont besoin d’assistance. Je souhaite leur rendre la vie plus facile » dit Ahmad.
Après avoir terminé son projet, Ahmad avait prévu de contacter l’entreprise Meyra, une compagnie allemande qui est pionnière en matière de fabrication de fauteuil roulant.
L‘expérience d’Ahmad en tant que membre invité de la commission d’attribution des financements. De ses propres mots :
J’ai eu cette double expérience d’être à la fois élève et jury du programme BRIDGES, et c’est une grande chance d’avoir vu les deux côtés : la formation, ses activités et ses obstacles, et la commission, ses responsabilités et sa clairvoyance. Ce fut une expérience très positive qui m’a ouvert mes horizons. Elle m’a permis d’être vigilant sur le principe de précaution, encore plus parce qu’il s’agissait de projets qui m’étaient présentés. Avant de les juger, je cherchais à comprendre en quoi les projets répondaient aux objectifs SMART. J’ai aussi remarqué qu’il y avait de nombreux aspects importants que nous omettons lorsque nous présentons nos projets devant la commission. Même quand ces détails peuvent faire pencher la balance de notre côté.
Ce fut une expérience très enrichissante et j’ai compris comme il était important pour un membre du jury d’avoir des connaissances et une expérience suffisantes pour prendre une juste décision. »
Ahmad FARES,
J’ai rencontré Ahmad officiellement deux fois.
La première fois, lorsqu’il a défendu son projet devant la commission de financements et réussit à nous convaincre.
La seconde fois, lorsqu’il siégea à mes côtés, en tant que membre du comité, afin de noter les projets des nouveaux jeunes entrepreneurs.
Il était une belle personne, inspirée, l’un des plus créatifs parmi les jeunes entrepreneurs que nous avons eu l’honneur de rencontrer dans le programme BRIDGES.
En tant que membres de l’UNICEF à l’Agence Syrienne, nous avons été profondément touchés par sa mort. Nous espérons que sont rêve sera réalisé par ses pairs. Ahmad, comme les autres jeunes entrepreneurs, ont la même motivation et passion d’aider la société syrienne. »
Mohamad KANAWATI
Spécialiste du développement de la jeunesse et des adolescents.
Fonds des Nations Unies pour l’enfance (United Nations Children’s Fund) – UNICEF
Damas – Syrie
Ahmad était un jeune distingué comme aucun autre. Il était extraordinaire et l’énergie qu’il dégageait était évidente pour tous ceux qui l’ont connu et ont eu l’honneur de travailler avec lui. Personne ne pouvait douter de sa passion, de son rêve, de son exigence, et de son savoir-être. Il combinait un savoir-faire avec un solide sens de la morale. C’est pourquoi il était un candidat idéal à l’entrepreneuriat selon moi. Quand Ahmad a obtenu son financement pour son projet de fauteuil roulant, il est venu me voir à mon bureau pour discuter de son plan de mise en œuvre. Il a emplit le bureau de son énergie positive, de son espoir et de son sens du devoir. L’intelligence d’Ahmad et sa modestie étaient flagrantes dans tout ce qu’il faisait. Il était un jeune homme qui poursuivait son rêve, un rêve né de cette terrible guerre et saboté par cette même guerre. »
Alma JOKHADAR,
Département des financements IECD Syrie.
Nous nous efforçons de donner un sens à cette tragédie, mon cœur et mes pensées vont à la famille d’Ahmad, à ses amis proches et à tous les syriens qui ont eu à souffrir de cette horrible guerre depuis 7 ans, parce qu’ils n’ont d’autres choix que de vivre avec.
Je me sens privilégiée d’avoir été le témoin du passage d’Ahmad dans le programme BRIDGES du début à la fin, en tant que personne bénéficiaire de la formation, en tant que candidat ayant reçu un financement pour son projet, en tant que jeune passionné par l’idée de réaliser son rêve et d’aider les moins chanceux de sa communauté.
Il m’est très difficile de mettre des mots sur ce que la vie d’Ahmad fut et sur ce que cela signifie pour sa famille, ses amis et tous ceux qui l’ont connu à l’IECD. Il était une jeune homme actif et dynamique, en passe d’obtenir son diplôme d’ingénieur. Il était un philanthrope engagé dans de nombreuses causes caritatives et de travaux volontaires. Je sais que son souvenir perdurera dans la mémoire de tous ceux qui l’ont connu. Je souhaite que son âme trouve la paix avec l’achèvement de son rêve. »
Dima BAYASI,
Chargée de communication, IECD Syrie